Avec plus de 244 millions de migrants internationaux (Rapport UN, 2015) la communauté internationale a défini les « mouvements de population complexes constitués de personnes qui suivent les mêmes itinéraires et utilisent les mêmes moyens de transport mais qui se déplacent pour des raisons différentes » 1 par le terme flux migratoire mixte ou migration mixte. Certes leurs histoires sont différentes, mais toutes ces personnes ont choisi les mêmes chemins périlleux menant à la soi-disant « utopie », des chemins qui mènent parfois à une fin tragique ou une mort inévitable.
Quel que soit leurs raisons, leur statut juridique, leurs profils, ces personnes en mobilité sont exposées à des violations de leurs droits, leurs accès à des services sociaux et de santé sont généralement limités à cause de multiples barrières socioéconomiques, linguistiques, culturelles et parfois juridiques.
Avec l’appui de Danish Refugee Council, le Fonds des Nations Unies pour la Population en Tunisie en partenariat avec l’Association Tunisienne de la Santé de la Reproduction (ATSR) et l’appui technique de 4Mi (Mixed Migration Monitoring Mechanism Initiative) cherche à identifier les moteurs de la migration, les besoins spécifiques des jeunes migrants en matière Santé Sexuelle et Reproductive (SSR) – Violence Basée sur le Genre (VBG) et à déterminer les principales barrières limitant leurs accès à des services SSR. Dans le cadre de ce projet, l’ATSR en partenariat avec l’UNFPA Tunisie, ont mené une étude afin :
- d’identifier les principaux moteurs de la migration interne et internationale des jeunes,
- de déterminer les besoins des jeunes en services de SSR ainsi que les barrières limitant leurs accès à ces services,
- d’engager les parties prenantes dans la réflexion pour la prise en considération des besoins spécifiques des jeunes migrants dans les plans sectoriels et les stratégies nationales de la santé.
Cette étude sur les besoins en matière de santé sexuelle et reproductive des jeunes migrants réalisée en 2017 a montré que l'accès aux services de SSR pour les migrants reste limité en raison de leur situation irrégulière, de leur vulnérabilité socioéconomique, des barrières linguistiques et du manque d'informations. L'étude a souligné que la connaissance de la SSR est très limitée et que 15,6% seulement des migrants savent comment accéder aux services dédiés.
«Un jour, j'étais malade, j'ai demandé à être amené à l'hôpital mais la famille pour laquelle je travaillais a refusé. Mon droit à la santé a été refusé ! » a déclaré une migrante.
L'Association Tunisienne de la Santé Reproductive (ATSR) et l'UNFPA Tunisie plaident pour la promotion des droits de SSR des migrants en Tunisie afin d'améliorer leur accès aux services de SSR. Cela passe par une prise de conscience des migrants pour mieux comprendre les droits de SSR afin de faire des choix responsables et éclairés, mais aussi de plaider activement en faveur de la promotion de leurs propres droits.
Dans ce contexte, le 20 septembre 2018, l'UNFPA Tunisie et l'ATSR ont diffusé un documentaire produit conjointement sur la nécessité pour les migrants d'accéder aux services sexuels et reproductifs. La projection a eu lieu à l'Institut Français de Tunisie (IFT) et a ouvert la voie à un débat sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, en présence de quelque 70 migrants de différentes nationalités.
«Nous avons des droits, nous devons les connaître et nous devons les réclamer!», a déclaré un militant.
Un documentaire réalisé par l’UNFPA Tunisie et l’ATSR a été projeté le 20 septembre à l'IFT pour lancer un débat sur la SSR des migrants en Tunisie. Le documentaire, DAGUË 2, est venu en réponse à l’étude réalisée sur les besoins en SSR.
© UNFPA Tunisie - ATSR / Réalisation et production Kadar Nefla
Le documentaire et le débat public font partie des efforts de plaidoyer de l’UNFPA et de l’ATSR visant à promouvoir une information adéquate parmi les migrants en Tunisie pour les aider à faire des choix éclairés et à savoir où obtenir des services. L'échange qui a suivi la projection a abordé divers sujets, notamment la qualité des services de SSR, l'attitude des agents de santé, les barrières linguistiques et les problèmes de communication mais aussi la violence sexiste, la violence sexuelle, la traite des êtres humains, la discrimination et le racisme.
1 Définition UNHCR
2 Daguë – sœurs et frères en dialecte Bété