Déclaration du Dr. Babatunde Osotimehin, Directeur exécutif de l’UNFPA, à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre le sida
1er décembre 2015
Une Cette année, la Journée mondiale de la lutte contre le sida coïncide avec la conférence africaine sur la maîtrise du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles (IST). Beaucoup de personnes vivant avec le VIH, des militants antisida, des agents des gouvernements et des partenaires de développement se réunissent à Harare (Zimbabwe) pour partager leurs connaissances sur ce qui donne des résultats dans notre lutte collective contre le sida.
Si le VIH est une menace mondiale, l’épidémie continue de poser un immense problème en Afrique, surtout en Afrique subsaharienne, où des communautés ont été ravagées par le sida.
De plus en plus, le VIH a un impact sur les adolescentes et les jeunes femmes. Elles sont vulnérables en raison de la violence, des mariages d’enfants, de l’absence d’éducation sexuelle complète, de leur impuissance à négocier des pratiques sexuelles sans risques, et du manque d’accès aux services de santé sexuelle et reproductive – notamment les préservatifs, le dépistage du VIH/des IST et les conseils ainsi que le traitement en la matière.
Au niveau mondial, on compte chaque année 380 000 nouveaux cas d’infection à VIH parmi les filles et jeunes femmes âgées de 10 à 24 ans, qui représentent presque 60 % de tous les nouveaux cas. Quinze pour cent de toutes les femmes vivant avec le VIH sont agées de 15 à 24 ans. Bien évidemment, nos réactions au VIH doivent viser les besoins des adolescentes.
Il est capital de s’en prendre aux normes sociales restrictives qui empêchent les femmes et les filles d’avoir accès à l’information et aux services en matière de santé sexuelle et reproductive et d’avoir un entier contrôle sur leur santé sexuelle. Des efforts concertés s’imposent pour changer les normes en la matière et pour faire en sorte que les communautés soutiennent les jeunes femmes et les filles.
Les personnes vivant avec le VIH et les groupes de population clefs exposés doivent aussi être mis en mesure d’aider à mettre fin à la stigmatisation, à la discrimination et à la violence, et il faut plaider pour l’abolition des lois répressives et élargir l’accès aux services judiciaires et de santé sexuelle et reproductive.
L’UNFPA, Fonds des Nations Unies pour la population, est favorable à un investissement accru dans les services intégrés de lutte contre le VIH et de santé sexuelle et reproductive, notamment pour l’élimination de la transmission mère-enfant, et des progrès sont en cours. Il faut mettre davantage l’accent sur la prévention du VIH, en particulier parmi les jeunes, et sur la planification familiale pour les femmes vivant avec le VIH, ce qui permet de réduire le nombre de nourrissons séropositifs. Prévenir et gérer le VIH demeure un point central des stratégies mondiales conçues pour améliorer la santé des femmes, des enfants et des adolescents.
Nous savons ce qui donne des résultats et nous savons comment mettre en place des programmes de prévention fondées sur les données – en conjuguant des approches biomédicales, comme la fourniture de préservatifs et la circoncision volontaire; le changement de comportements de manière que chacun fasse des choix informés quant à sa vie sexuelle et adopte des pratiques sexuelles sans risques; et un changement structural afin de s’attaquer aux mauvaises lois et politiques, aux inégalités, à la violence, à la stigmatisation et à la discrimination. Les champions de la prévention jouent un rôle important – des personnes qui parlent haut et fort et qui encouragent les communautés à limiter leur risque, exercer un contrôle et arrêter une plus ample transmission du virus.
Les objectifs de développement durable nous appellent à ne laisser personne en arrière. Il est nécessaire d’investir dans les données et les services au niveau local pour faire en sorte d’atteindre les plus vulnérables.
Nous devons investir dans le développement total des adolescents à travers l’éducation, la santé, l’emploi et le bien-être psychique. Nous devons veiller à ce que les personnes piégées par une crise humanitaire, un conflit et d’autres situations d’urgence aient accès à un ensemble effectif de services de santé sexuelle et reproductive, notamment pour la prévention et le traitement du VIH et des IST. Nous devons intensifier la programmation visant les groupes de population clefs afin de réduire le fardeau du VIH et de protéger la communauté entière.
L’UNFPA continue d’aider les gouvernements et les organisations communautaires à renforcer les services intégrés de santé maternelle et infantile, aussi bien que les interventions dirigées au niveau communautaire. Nous soutenons le droit fondamental des groupes de population clefs à vivre à l’abri de la violence, de la stigmatisation et de la discrimination et à avoir libre accès aux services afin de protéger leur santé, la santé de leurs partenaires sexuels et des personnes à leur charge et, en fin de compte, de la communauté entière.
En centrant notre action sur ce qui donne des résultats, et en agissant de concert, nous pouvons mettre fin au sida d’ici 2030.