Il est internationalement reconnu qu’en situations de crise ou d’urgences humanitaires, les besoins en matière de Santé Sexuelle et Reproductive (SSR) ne sont pas mis en pause, et augmentent souvent en raison des perturbations des systèmes de santé, des déplacements et des ruptures dans la protection sociétale et structures sociales brutalement survenues. C’est dans cette perspective, qu’un ensemble d'actions minimales à mettre en œuvre / à préserver en matière de SSR au début d’une crise ou urgence humanitaire (dans les 48 heures) a été internationalement identifié et défini comme étant le Dispositif minimum d’urgence (DMU) pour la Santé Sexuelle et Reproductive (SSR), et ce afin d’aider à réduire la mortalité et la morbidité liées à la SSR en temps de crises. De même, le Programme d’Action de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement – tenue en 1994 au Caire, a mis l’accent sur l’importance de la SSR comme droit humain, à faire valoir aussi bien en temps de paix qu’en temps de crise en assurant l’accès au DMU aux personnes déplacées internes, réfugiées, et à d’autres personnes en situations de crise humanitaire. Par ailleurs, l’importance de la préparation aux crises humanitaires a été internationalement reconnue comme un axe clé en vue de renforcer la résilience des systèmes de santé et de réduire les souffrances et les pertes de vie et de dignité liées aux catastrophes.
Malgré la reconnaissance de l'importance de fournir un paquet de soins fondamentaux en SSR pendant les crises en Tunisie et l’existence d’un plan national de contingence relatif aux crises humanitaires détaillants certaines actions clés du DMU en SSR, des efforts restent à mener en vue de renforcer la résilience et la capacité du système de santé à garantir l'accès équitable à des services de SSR fondés sur les droits, à toutes populations concernées pendant les situations de crise et d'urgence. Ceci est d’autant plus justifié que la Tunisie est passée durant la dernière décennie par plusieurs types d’urgences, notamment la pandémie de COVID-19, ayant affaibli la résilience du système de santé avec une perturbation de la continuité des services de SSR. C’est dans cette optique, que le Ministère de la Santé, via le SHOCROOM, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la Population pour la Tunisie – UNFPA Tunisie, a mené en 2023 une évaluation de la préparation nationale au DMU en SSR, et ce afin d’obtenir une analyse structurée et de définir les actions stratégiques et ciblées à entreprendre. Basé sur les résultats de cette évaluation nationale et le plan d'action 2024-2026 en découlant, les deux partenaires ont organisé les 26 et 27 septembre 2024, un atelier de concertation réunissant les acteurs nationaux de la Santé Sexuelle et Reproductive et de la réponse aux urgences.
Cet atelier avait pour objectifs de :
- Approfondir la compréhension des enjeux de la préparation et de la réponse aux urgence sanitaires, et de positionner le DMU en SSR comme levier clé pour renforcer la résilience du système de santé tunisien ;
- Détailler les mécanismes du DMU en SSR et identifier les outils pour sa mise en œuvre ;
- Définir les pistes de travail et les structures de coordination pour intégrer la préparation au DM en SSR dans les dispositifs nationaux existants ;
- Faire le suivi des résultats de l'évaluation nationale et définir la feuille de route concrète pour la mise en œuvre du plan d'action 2024-2026.
Grâce à la mobilisation d'un large éventail d'acteurs, cet atelier a permis de co-construire une vision partagée de la préparation aux urgences en matière de santé sexuelle et reproductive. Cette approche participative est indispensable pour garantir la pertinence et la durabilité des actions à mettre en œuvre. La feuille de route élaborée lors de cet événement constitue un plan d'action ambitieux, qui s'inscrit pleinement dans les engagements internationaux de la Tunisie en matière de santé sexuelle et reproductive.