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NATIONS UNIES, New York – Il y a vingt-cinq ans, au Caire, lors de la Conférence internationale sur la population et le développement, 179 gouvernements ont adopté un Programme d’action visionnaire qui se proposait de garantir la santé et les droits des femmes et des filles, ainsi que de promouvoir leur émancipation. 
 
Malgré d’importants progrès, beaucoup des objectifs fixés dans ce document n’ont pas été atteints. 
 
Ci-dessous, nous vous proposons de revenir sur cinq points du Programme d’action qui avaient été adoptés pour changer les choses en faveur des femmes et des filles
 

1. La baisse des décès maternels

En 1994, le Programme d’action a appelé les pays à favoriser « une baisse considérable de la mortalité maternelle d’ici à 2015 : il faudrait que les taux de mortalité maternelle observés en 1990 diminuent de moitié d’ici à l’an 2000 et à nouveau de moitié d’ici à 2015 ». Ces réductions cumulées auraient donc dû représenter une réduction totale de 75 % de la mortalité maternelle.
 
Entre 1990 et 2015 cependant, la mortalité maternelle mondiale n’a baissé que d’environ 40% : une baisse significative, mais très inférieure à l’objectif fixé.
 
La grande majorité des décès maternels sont évitables grâce à des soins prénatals adaptés, des accouchements supervisés par des professionnels qualifiés, des soins postnatals ainsi qu’un accès à des soins obstétricaux d’urgence en cas de complications. Ces interventions sont pourtant inaccessibles pour beaucoup de femmes.
 
Neuf pays ont effectivement réduit leur mortalité maternelle de 75 %, ce qui prouve que l’objectif est réaliste, pourvu que les efforts, les ressources et la volonté politique nécessaires soient là.
 
Aujourd’hui, l’UNFPA appelle tous les pays à fixer des objectifs encore plus stricts, pour éliminer tous les décès maternels évitables partout dans le monde.


La violence basée sur le genre est un problème bien connu des organisations pour les femmes, mais il reste encore beaucoup à faire. ©Daniel Baldotto.

2. L’élimination des violences faites aux femmes et aux filles

Le Programme d’action de la CIPD appelait les pays à « prendre toutes les mesures pour éliminer toutes les formes d’exploitation, de sévices, de harcèlement et de violences envers les femmes, les adolescentes et les enfants ».
 
On sait que les données sur les violences faites aux femmes et aux filles sont très difficiles à obtenir. La peur et la stigmatisation découragent souvent les survivantes de violences de porter plainte. Selon les meilleures données disponibles à l’heure actuelle, les violences faites aux femmes et aux filles restent un fléau mondial.
 
Une femme a 1 chance sur 3  de subir des violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. On estime que 18 %  des femmes ont subi des violences physiques, sexuelles ou psychologiques de la part de leur partenaire au cours de l’année écoulée.
 
Ces chiffres apportent un éclairage très net sur le manque d’engagement de la communauté internationale pour le bien-être de la moitié de sa population.


Les taux de mariage d'enfants et de mutilations génitales féminines ont diminué. Mais le nombre total de filles en danger pourrait être en augmentation. © Omar Gharzeddine

3. L’élimination des pratiques dangereuses envers les femmes et les filles

En 1994, les dirigeants ont appelé à prendre des mesures d’urgence pour éliminer le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines (MGF). 
 
Depuis, des efforts internationaux ont été mis en place pour sensibiliser sur les conséquences de ces pratiques sur le corps des filles ainsi que sur leur vie et leur avenir. Ainsi, les taux de pratique du mariage d’enfants et des MGF ont chuté au cours des 25 dernières années.
 
En 1994, environ une fille sur quatre était une enfant épouse. En 2019, ce nombre est estimé à 1 sur 5.
 
Dans les pays présentant une forte prévalence des MGF, la proportion de filles mutilées a chuté, passant de 49 en 1994 à 31 % aujourd’hui.
 
Cependant, avec l’augmentation de la population, le nombre de filles touchées par ces pratiques augmente en valeur absolue.


L’accès aux contraceptifs modernes a augmenté au cours des 25 dernières années. Des centaines de millions de femmes dans le monde ont encore un besoin non satisfait matière de planification familiale. © UNFPA/Robbie Lawrence.

4. L’élimination des besoins de planification familiale non couverts

La planification familiale permet aux femmes et aux filles de s’émanciper, de poursuivre des études et d’avoir un emploi. Elle est essentielle à la réduction de la pauvreté, à l’égalité des genres et à la baisse de la mortalité lié à la grossesse. 
 
Les dirigeants présents à la CIPD avaient reconnu cet état de fait. Ils avaient appelé à ce que tous les pays « s’efforcent de mettre à la disposition de chacun une gamme complète de méthodes sûres et fiables de planification familiale ».
 
L’accès à la planification familiale volontaire s’est en effet beaucoup développé depuis 1994. Dans les pays les moins développés, la prévalence des contraceptifs modernes a plus que doublé chez les femmes en couple qui souhaitent éviter une grossesse, passant de 15 à 37 %.
 
L’accès à une planification familiale moderne et fiable est pourtant bien loin d’être universel. 
 
Aujourd’hui, dans les régions en développement, plus de 200 millions de femmes souhaitant éviter une grossesse n’utilisent toujours pas de méthodes sûres et efficaces de planification familiale. Les raisons de cette lacune vont d’un manque d’accès aux informations ou aux services dans ce domaine, jusqu’au manque de soutien de la part de leur partenaire ou de leur communauté.
 
Ce besoin non couvert persiste et a un impact négatif sur la capacité des femmes à construire un meilleur avenir pour elles-mêmes, pour leurs familles et pour leurs communautés.


« Les femmes et les filles ont suffisamment attendu », a déclaré le Dr Natalia Kanem, directrice de l’UNFPA, © UNFPA/Yenny Gamming.

5. Le progrès de l’égalité des genres

Il y a vingt-cinq ans, le Programme d’action a encouragé les gouvernements à « accélérer la participation égale et la représentation équitable des femmes à tous les niveaux de la prise de décision politique et de la vie publique ».

Dans ce domaine, les femmes et les filles ont vu des progrès, mais ils ne sont pas suffisants. 

Le monde a vu de plus en plus de femmes devenir chefs d’État, notamment Angela Merkel en Allemagne, Ellen Johnson Sirleaf au Libéria et Michelle Bachelet au Chili.

Les postes à haute responsabilité sont cependant toujours en grande majorité occupés par des hommes. Aujourd’hui, moins d’un quart des parlementaires dans le monde sont des femmes. Le nombre de femmes PDG présentes au classement Fortune 500 est passé de 0 % en 1995 à seulement 5 % l’an dernier.

« Les femmes et les filles ont suffisamment attendu », a déclaré la directrice de l’UNFPA, le Dr Natalia Kanem, lors d’un état des lieux des progrès accomplis depuis la CIPD. « Il est temps que nous accélérions tous nos efforts. »

En novembre prochain, les gouvernements du Kenya et du Danemark, en association avec l’UNFPA, se rejoindront pour le Sommet de Nairobi sur la CIPD25 pour mobiliser la volonté politique et les engagements financiers nécessaires à la mise en œuvre complète du Programme d’action.

Ce sommet de haut niveau rassemblera une large coalition de chefs d’État, ministres, experts techniques, organisations communautaires, militant·e·s et bien d’autres, en vue d’accélérer les efforts pour enfin tenir la promesse faite lors de la CIPD.