« J'ai vu la gêne sur le visage de ma mère lorsque j’ai commencé à lui poser des questions sur la sexualité et les relations avec les garçons », a déclaré Cécile Nshimirimana*, étudiante à Bujumbura, capitale du Burundi.
En l'absence d'informations ou de services pour éviter les grossesses non désirées, elle s'est retrouvée enceinte – à plusieurs reprises.
« Parfois, je pense au fait que j'aurais pu éviter de tomber enceinte à plusieurs reprises, si seulement j'avais eu les informations et les moyens nécessaires pour me protéger. »
Les filles qui se retrouvent enceintes hors mariage sont souvent obligées d'abandonner leurs études ou de se marier tôt, même si elles sont mineures. Ou, si elles sont comme Mme Nshimirimana, elles peuvent recourir à un avortement non médicalisé.
« J'ai eu peur pour ma vie quand [une fois] il faisait noir et le médecin n'avait que deux bougies pour éclairer [la pièce] », se souvient-elle.
Égalité des sexes pour un avenir meilleur
Aucune femme ou fille ne devrait risquer sa vie pour sauver son avenir.
« L’égalité des sexes consiste à libérer le plein potentiel d’un pays, mais l’égalité des sexes est également un droit humain », a déclaré hier à la presse le ministre norvégien des Affaires étrangères, Ine Eriksen Søreide, dans une déclaration au Conseil des droits de l'homme.
Il y a vingt-cinq ans, 179 gouvernements étaient d'accord sur ce point. Lors de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994, les dirigeants du monde entier ont convenu que les droits humains et les droits des femmes – en particulier le droit de faire ses propres choix en matière de reproduction – sont essentiels non seulement pour le bien-être individuel, mais également pour le bien-être des communautés, des pays, et de l’économie.
Pourtant, trop souvent, ces droits ne sont pas concrétisés. Plus de 200 millions de femmes dans les pays en développement cherchent à éviter de tomber enceinte, mais n'utilisent pas de méthodes de planification familiale sûres et fiables. Des millions de filles comme Mme Nshimirimana se retrouvent enceintes. Certaines sont mariées en n’étant que des enfants. D'autres deviennent des mères adolescentes célibataires. D'autres encore, font face aux dangers de l'avortement non médicalisé – l'une des principales causes de décès maternels.
Ces déconvenues ont eu de graves conséquences sur la société. Les communautés et les pays souffrent du manque du travail et de l'ingéniosité de générations entières de femmes et de filles.
Pour assurer un développement durable, le monde doit garantir l'égalité des sexes et tous les droits qui en découlent, y compris le droit de décider librement de devenir maman.
“Libérer tout le potentiel d'un pays”
également un droit humain», a déclaré hier à la presse le ministre norvégien des Affaires étrangères, Ine Eriksen Søreide, dans une déclaration au Conseil des droits de l'homme.
« Cela inclut le droit de participer au développement de la société, à l'éducation et au travail, de pouvoir choisir un partenaire de vie et de choisir quand et si des enfants seront créés. »
Cette année, alors que le monde célèbre le 25e anniversaire de la CIPD, la communauté internationale se mobilise pour réaffirmer son engagement envers son programme d'action.
« C’était un document novateur en 1994, et il l’est encore aujourd’hui», a déclaré Mme Søreide.
En novembre, les dirigeants mondiaux, la société civile, les groupes de femmes et d’autres organisations se réuniront à nouveau lors d’un sommet de haut niveau à Nairobi afin de tracer une nouvelle voie pour garantir à tous les mêmes droits.
Donner le pouvoir aux jeunes
Aujourd'hui, Mme Nshimirimana est membre du Kamenge Youth Centre, un centre parrainé par l'UNFPA où les jeunes peuvent s'informer en matière de santé sexuelle et de reproduction et être orientés vers des services de santé adaptés aux adolescents.
Elle lance un appel à tous – parents, responsables, jeunes – pour qu'ils abordent ces problèmes sans gêne.
« Comment pouvons-nous adopter un comportement responsable en matière de sexualité si personne, pas même nos parents, ne peut en discuter ouvertement avec nous? »
*Le nom a été changé pour raison de protection de la vie privée.