Il y a cinquante ans, le 13 mai 1968, le monde a déclaré que la planification familiale était un droit fondamental.
Tout au long de l'histoire de l'humanité, les efforts pour planifier, éviter ou retarder la grossesse ont été une lutte privée endurée par les femmes et les filles. Aujourd’hui, les choses ont changé : lors de la Conférence internationale sur les droits de l'homme de 1968, la planification familiale est devenue une obligation en matière de droits de l'homme de tous les pays, gouvernements et décideurs politiques.
Le document final de la conférence, connu sous le nom de Proclamation de Téhéran, a déclaré sans équivoque: « Les parents ont le droit fondamental de déterminer librement et consciemment la dimension de leur famille et l'échelonnement des naissances. »
Enchâssée dans ce langage législatif, une prise de conscience a eu lieu : les femmes et les filles n’ont pas à subir l'épuisement, ni le danger de grossesses trop nombreuses et trop rapprochées. Les hommes et les femmes ont le droit de choisir à quelle fréquence embrasser la parentalité - ou même d’y renoncer. Chaque individu a le droit de déterminer la direction et la portée de son avenir de cette manière fondamentale.
Pourtant, 50 ans plus tard, ce droit est attaqué.
Video : Family planning at 50
Dans un grand nombre de localités, des efforts sont déployés pour limiter l'éducation en matière de planification familiale, pour restreindre la variété et la disponibilité des méthodes contraceptives et pour empêcher les femmes et les jeunes d'accéder aux moyens de contraception. Mais il arrive aussi que ce droit ne soit pas pratiqué simplement à cause du manque d'accès à l'information et aux services de planification familiale.
La désinformation sur la planification familiale est endémique - et mortelle. Au Liban, une réfugiée syrienne a déclaré que son mari avait interdit tout moyen de contraception, croyant que cela provoquait l'infertilité. En conséquence, elle a confié : « J'ai eu des grossesses consécutives. Cela m'a causé une carence en fer et en calcium et a rendu mon corps très faible. »
Elle n'est pas la seule. La grossesse est un multiplicateur de risques pour la santé, et les pays ayant les taux de fécondité les plus élevés affichent souvent les taux de mortalité maternelle les plus élevés.
Pour réaliser pleinement ce droit à la planification familiale, il doit être un choix universellement disponible. L'UNFPA et l'Organisation mondiale de la santé ont reconnu neuf normes qui doivent être respectées dans chaque communauté, pour chaque individu.
Neuf normes pour défendre le droit de l'homme à la planification familiale
1. Non-discrimination
Les informations et services de planification familiale ne peuvent être restreints en fonction de la race, du sexe, de la langue, de la religion, de l'appartenance politique, de l'origine nationale, de l'âge, du statut économique, du lieu de résidence, du handicap, de l'état civil.
2. Disponibilité
Les informations et moyens de contraception doivent être disponibles en quantité suffisante, avec une variété suffisante, pour répondre aux besoins de tous. C'est une nécessité pour les droits de l'homme, tout comme l'accès à l'eau potable, à des installations sanitaires adéquates et à un minimum de soins de santé.
Bien sûr, de nombreux facteurs sous-jacents influent sur la disponibilité de l'information et des moyens de contraception, tels que la qualité du système éducatif et l'infrastructure de santé. Cependant, ces problèmes doivent être surmontés, car il s’agit de droits fondamentaux.
3. Accessibilité
Les pays doivent veiller à ce que les produits et services de planification familiale soient accessibles à tous. Cela signifie que les services et l'information doivent être physiquement accessibles et abordables.
4. Acceptabilité
Les services et l'information en matière de contraception doivent être fournis de manière digne, en respectant à la fois l'éthique médicale moderne et la culture des personnes recevant ces services.
5. Qualité
Les informations sur la planification familiale doivent être clairement communiquées et scientifiquement précises. Les produits contraceptifs doivent être non périmés et les moyens de contraception doivent être fournis par du personnel de santé qualifié, dans un environnement sûr et hygiénique.
6. Prise de décision éclairée
En matière de reproduction, chaque personne doit être habilitée à faire ses choix en toute autonomie, sans pression, contrainte ou fausse déclaration. Un conseil complet sur les moyens de contraception doit permettre aux individus de faire leurs choix en toute connaissance de cause, et ils doivent être libres de refuser les options qui ne leur conviennent pas.
7. Vie privée et confidentialité
Tous les individus doivent jouir du droit à la vie privée lorsqu'ils recherchent des informations et des services de planification familiale. Les agents de santé doivent être formés pour préserver la confidentialité de toutes les personnes exerçant leur droit à la planification familiale.
8. Participation
Les pays ont l'obligation d'assurer la participation active et informée des individus aux décisions qui les concernent, notamment sur les problèmes de santé. Cela signifie, par exemple, que les femmes - qui sont souvent les principales bénéficiaires des services de planification familiale - doivent être représentées dans l'élaboration des politiques liées à ces services. Les jeunes doivent être inclus dans les efforts visant à promouvoir l'éducation en matière de santé sexuelle et reproductive, y compris la planification familiale. Les perspectives des groupes vulnérables et marginalisés doivent être intégrées dans la prestation de services dans ces communautés.
9. Responsabilité
Les systèmes de santé, les systèmes éducatifs, les dirigeants et les décideurs doivent être responsables des efforts déployés pour réaliser le droit de l'homme à la planification familiale. Cela signifie que les femmes, les jeunes et les populations marginalisées doivent être informés de leur droit, et avoir la possibilité d’obtenir la réparation de leur préjudice si ce droit est bafoué.